Les
agriculteurs sont compétents et souvent particulièrement courageux
mais la question des rendements reste problématique au Bénin comme
dans la plupart des pays d'Afrique. De nombreux produits alimentaires
continuent d'être importés. L'accès aux engrais, à des graines
adaptées, à l'irrigation et aux moyens de stockage continuent
d'être difficiles dans plusieurs régions. Ces questions autour du
secteur agricole sont capitales car la sécurité alimentaire de
nombreuses familles en dépend. La destruction des ressources
forestières ainsi que le changement climatique représentent
d'autres sujets majeurs de préoccupation. Rappelons que le secteur rural concernait récemment 70% de la population béninoise.
Parmi les cultures importantes, on peut citer le manioc, originaire d’Amérique du Sud (et centrale). Cet arbuste, à la racine tubéreuse est une source majeure de glucides. Sa culture est réputée relativement facile avec des rendements intéressants. Les tubercules et les feuilles contiennent cependant des toxiques (en quantité variable selon la variété) susceptibles de se transformer en acide cyanhydrique. Les techniques de transformations visent à diminuer les teneurs en toxiques mais plusieurs pathologies sont décrites en cas de détoxification insuffisante. En image d’illustration : semoule de manioc, principalement produite en Côte d’Ivoire (Attiéké). Au Bénin, le mode de préparation est différent et aboutit également à une farine (Gari, produite notamment au centre du pays). Bien préparé et bien utilisé, le manioc reste un produit intéressant, certains problèmes de santé apparaissant plutôt comme la conséquence d’une alimentation quasi exclusive en manioc.
L’igname représente une autre source majeure de glucides. Il s’agit d’une plante grimpante dont le tubercule est comestible. Sa composition est proche de celle de la pomme de terre avec une teneur en protides supérieure à celle du manioc. Le Bénin en est un des principaux producteurs au monde (autour de 6% de la production mondiale). En image d’illustration, on présente aussi la patate douce (appelée à tort igname dans certains pays) et qui est également cultivée au Bénin.
Si le coton constitue la principale culture de rapport, le maïs reste la principale céréale pour l’alimentation. Sa farine sert à la préparation de l’Akassa et de l’Amiwo (pâte consommée avec une sauce). Sa surexploitation est cependant susceptible d’entraîner une diminution de fertilité des sols. Les systèmes de culture doivent en tenir compte.
En illustration: la culture du sorgho (parfois appelé gros millet), largement pratiquée, notamment en zone de savane (culture de subsistance), présente peut-être un intérêt écologique particulier. Parmi les autres productions, on peut citer le mil (ou millet, une céréale vivrière « rustique » à petites graines), l’arachide (utilisée notamment pour la production d’huile, mais avec un rendement à l’hectare moindre que le palmier à huile, dont la zone propice à la culture est cependant limitée), le niébé (ou corneille, « haricot à l’œil noir », intéressant pour sa teneur relative en protéines), le voandzou (pois de terre)…
Quant
aux termitières (illustration), leur caractère utile ou nuisible semble
débattu depuis longtemps. Elles sont de plus en plus évoquées comme un
facteur possible dans l'amélioration de la fertilité des sols, en
association à d'autres techniques. Un document très intéressant sur ces
questions cruciales "Amélioration de la fertilité des sols par des
moyens naturels" est disponible sur le site de l'association Terre des
jeunes: terredesjeunes.org
La
riziculture a fait l’objet récemment d’une politique de soutien
gouvernemental mais avec des obstacles persistants dont la maîtrise
de l’eau et la concurrence des riz importés. Cette problématique
complexe est très bien expliquée dans un reportage de RFI
disponible ici :
www.rfi.fr/afrique/20170210-tres-chemin-croix-riz-beninois-local-importations-delice-nigeria
Les fruits et notamment la mangue représentent un apport nutritionnel essentiel. Ils sont susceptibles d’être des produits agricoles à forte valeur ajoutée. Mais l’organisation de la filière mangue se heurte à des difficultés, la production continuant de subir des pertes, malgré plusieurs initiatives intéressantes. Les mouches des fruits sont un problème difficile mais les potentialités du secteur sont importantes. En attendant, bien respecter les règles d’hygiène avant dégustation (un régal), le cas échéant…
Parmi les autres filières d’avenir, on peut citer l’anacarde, fruit de
l’anacardier. Cet arbre fournit la noix de cajou, qui pourrait être
davantage transformée sur place, mais également la pomme de cajou (pour
laquelle des débouchés existent) ainsi que les coques (toxiques) dont
la carbonisation permet d’obtenir du charbon végétal. Les débouchés
économiques, qui impliqueraient cependant une augmentation de la
productivité, pourraient même dépasser ceux de la filière coton d’ici
quelques années. Rappelons que cette dernière concerne également
désormais la production d’huile et de tourteaux à base de graines de
coton (exemple de l’entreprise Fludor*).
Le beurre de karité, issu de l’arbre Vitellaria Paradoxa, ne poussant
qu’à l’état sauvage, est une autre filière prometteuse. Elle concerne
actuellement le nord du Bénin. Le beurre végétal est consommé en
cuisine mais ses propriétés pour la peau et son caractère
« Bio » intéressent depuis longtemps l’industrie cosmétique.
L’accent est également mis depuis quelques années sur une meilleure
gestion de la forêt avec des politiques innovantes de reforestation, la
filière bois de feu restant un recours important pour de nombreuses
populations.
Sur toutes ces questions, on peut noter l’apport des Centres Songhaï (formation et recherche mais aussi production), une ONG créée en 1985.
Argument : on peut en trouver dans beaucoup d’endroits, y compris autour des cascades…
La place de l’automédication et de la médecine traditionnelle est importante au Bénin (comme dans beaucoup de pays). La biodiversité y est très riche. Des travaux scientifiques sont publiés. La phytothérapie est susceptible d’être concernée par le Programme National de la Pharmacopée et de la Médecine Traditionnelle du Ministère de la Santé. Des molécules intéressantes ont déjà été découvertes et l’ethnopharmacologie représente une discipline très prometteuse. Mais les plantes contiennent de nombreuses substances dont les propriétés peuvent être très différentes. Attention, certaines d’entre elles peuvent s’avérer très toxiques et les études de pharmacologie clinique sont très peu nombreuses. Ainsi, une majorité d’indications n’ont fait l’objet d’aucune étude scientifique. Un site intéressant concerné à ce domaine d’avenir : www.ethnopharmacologia.org
En illustration : Moringa oleifera (à droite). Originaire d’Inde et du Sri lanka, plusieurs sites lui sont consacré et ses bienfaits potentiels très médiatisés. Par contre des mises en garde ont eu lieu récemment sur les risques liés à l’usage alimentaire de certaines parties de l’Aloe vera (à gauche)…
D’une façon générale, ne jamais mettre en bouche de plante non identifiée et savoir que certaines toxines végétales ne sont pas détruites par la cuisson. Enfin, ce n’est pas parce qu’une partie d’une plante est réputée comestible que les autres parties le sont et respect des règles d’hygiène alimentaire habituelles...
Argument : certaines espèces apprécient les zones humides…
On peut en croiser parfois, surtout en zone rurale, et le réflexe habituel n’est pas de prendre une photo mais plutôt la fuite… L’estimation de l’incidence annuelle des morsures de serpents en zone rurale est de 400 pour 100 000 habitants. La mortalité serait plus élevée dans le nord en raison de l’abondance d’Echis ocellatus, une variété de vipère. Mais de nombreuses espèces sont décrites et toutes ne sont pas venimeuses. Par ailleurs, plusieurs espèces de reptiles sont (ou étaient) vénérées par certaines ethnies, ce caractère sacré n’empêchant malheureusement pas l’existence d’un trafic illégal à destination notamment de l’Europe et des USA. Plusieurs fermes ont été créées. Echis ocellatus fait partie des animaux élevés mais le python royal (Python regius) représente l’animal majoritaire dans les exploitations en activité. Le nom de cette dernière espèce ferait référence au fait que la Reine Cléopâtre appréciait ces animaux qu’elle enroulait autour de ses poignets. Ce serpent constricteur, ovipare, peu agressif et qui se nourrit habituellement de rongeurs, serait capable de jeûner pendant plusieurs mois. Un temple, très connu des touristes, lui est consacré à Ouidah. Les explications des guides y sont assez détaillées et intéressantes et la possibilité de manipuler (avec respect) les serpents nous a laissé un très bon souvenir. Vous pouvez même en mettre au cou, les nombreuses photos visibles sur le net vont confirmant que beaucoup l’ont déjà fait sans aucun désagrément. Pour mémoire, Ouidah constitue un haut lieu du vaudou, dans lequel se tient un festival annuel au mois de janvier. Images d’illustration : pythons au temple de Ouidah ; tortue, autre animal faisant l’objet de vénération et lézard (appelé margouillat ou agame).
Références :
CHIPPAUX J-P. Epidémiologie des morsures de serpent au Bénin. Bull Soc Pathol Exot 2002, 95. 3, 172-174.
Plusieurs
travaux de ce médecin chercheur sont disponibles sur le passionnant
site de l’Institut de Recherche pour le Développement qui met à
disposition de multiples documents très intéressants:
www.ird.fr/la-mediatheque/publications-scientifiques-et-cartes
TOUDONOU ASC, MENSAH GA, SINSIN B. Les serpents dans l’univers culturel au Bénin. Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin 2004, n° 44, 23-33
TOUDONOU ASC, MENSAH GA, SINSIN B. L’élevage des serpents et autres reptiles au Bénin. Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin 2004, n° 46, 25-32
Articles consultés sur le site www.researchgate.net
Les cascades de Koudou et de Tanougou
se situent dans ou au bord de parcs nationaux (voir rubriques
correspondantes). Ces parcs abritent une riche faune
sauvage. Ils font partie du groupe WAP (W-Arly-Pendjari), à cheval sur
trois pays : Bénin-Burkina Faso-Niger et inscrit au patrimoine mondial
de l’Unesco.
La gestion du parc de la Pendjari avait été déléguée récemment à l’ONG African Parks
(partenariat public-privé), qui gère déjà plusieurs parcs en Afrique.
Le site de TV5 consacré au tourisme (voyage.tv5monde.com/fr/benin-un-vent-nouveau-souffle-sur-le-parc-national-de-la-pendjari)
évoquait « une formidable dynamique de développement local où il est
question de préservation de l’environnement, de tourisme durable et
d’impact social ». Cette destination apparaissait intéressante pour un safari
original, donnant la
possibilité d’observer notamment des hippopotames, des félins ainsi que
des éléphants. Les girafes, à l'exception de quelques observations ponctuelles, ont disparu du Bénin dans les
années 1960. Il en reste encore quelques centaines de l’autre côté du
fleuve Niger (au Niger), réputées appartenir à la sous espèce Peralta,
encore que les recherches génétiques récentes aient abouti à une
reclassification.
www.african-parks.org/the-parks/pendjari
Des problèmes de sécurité étaient déjà signalés dans le Parc du W
depuis plusieurs années. Les événements tragiques de 2019 avec
assassinat d’un guide et disparition de deux touristes
français (libérés par la suite au Burkina Faso au cours d'un assaut
ayant entraîné le décès de deux soldats français), lors d'un séjour
dans le parc de la Pendjari, font poser à
nouveau dramatiquement ces
questions de sécurité. La carte de sécurité du ministère français des
affaires étrangères a été actualisée
fin 2018 avec une zone frontalière en rouge et une zone orange plus
vaste, puis en mai 2019 avec passage de l'ensemble des parcs en zone rouge (lien ci dessous). De nombreux médias évoquent un coup dur pour les projets touristiques et la situation de
certaines familles, dont les revenus sont liés au tourisme, risque d’être difficile.
www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/benin/#securite