Impossible,
nous semble-t-il, d’évoquer les chutes d’eau sous un angle touristique
sans aborder ce sujet majeur pour la santé publique et cette
préoccupation quotidienne pour de nombreux habitants. Pour mémoire,
l’eau douce ne représenterait que 3.4% du volume d’eau de la terre
(eaux souterraines : 0.63%, eaux de surface : 0.019%...). Plus de la
moitié des habitants du Bénin n’aurait pas accès à l’eau potable, avec
de fortes disparités entre régions. L’adduction d’eau, la construction
de puits ou de forages (puis leur entretien) représentent des avancées
majeures pour les populations qui en bénéficient. Malgré les progrès
observés et de belles réalisations, les questions d’assainissements
restent difficiles dans certaines régions et devraient être
prioritaires du fait de leur impact humain et économique. Ce secteur
comprend plusieurs projets importants dans le programme d’action du
gouvernement «Bénin révélé».
Par ailleurs, la transmission de nombreux germes (pathologies d’origine
hydrique) s’effectuant par l’eau, notamment dans la cadre du péril
fécal (ensemble des maladies transmises par les excrétas, contamination
de l’environnement par des selles), la défécation en plein air
représente un problème majeur dont les coûts sociaux ne doivent pas
être oubliés. L’interruption de la transmission par la coupure des
cycles passe par l’utilisation de latrines fonctionnelles et
disponibles complétée par la neutralisation des excrétas. Il existe un
lien clairement documenté entre péril fécal, diarrhées de la petite
enfance et malnutrition.
La baignade à proximité de certaines chutes est couramment pratiquée… mais la recherche locale d’informations, le bon sens et la prudence restent nécessaires. Les risques spécifiques sont les noyades (à ne pas sous-estimer), les morsures venimeuses et le risque infectieux. Outre les pathologies hydriques à transmission orale, du fait de la possibilité de pénétration transcutanée de larves ou de vers microscopiques, il faudrait éviter de se baigner dans des eaux chaudes et stagnantes (l’eau peut stagner dans les bassins de proximité) mais également de marcher pieds nus en terrain boueux ou humide… Le risque de bilharziose (ou schistosomiase) est connu pour varier d’une région à l’autre et même d'un point d'eau à un autre mais on ne dispose pas d’information actualisée plus précise. Attention évidemment aux vecteurs : paludisme et autres pathologies transmises par les insectes ainsi qu’aux risques non spécifiques, tels les traumatismes et le risque routier lors des déplacements (un problème de santé publique majeur, comme dans d’autres pays) ou encore les pathologies liées au soleil.
On sait bien qu’on peut retrouver des poissons à proximité des cascades mais on se rend surtout bien compte de l’importance de la pêche pour la population et l’économie particulièrement dans le sud du pays. La surexploitation des ressources est un problème majeur pour bien des familles. Pour mémoire, la principale filière exportatrice est la crevette. L’ensemble de ce secteur aurait de fortes potentialités de développement, particulièrement l’aquaculture, et notamment la pisciculture qui constitue un secteur d’avenir, y compris dans le nord du Bénin. Ceci implique cependant une prise en compte de l’impact environnemental et de la biodiversité.
On ne sait pas trop comment est vécue la vocation touristique de
plusieurs sites par les habitants des environs: existence de retombées
économiques directes ou indirectes ? Le fait que les cascades sont une
opportunité de développement du tourisme et de l’écotourisme est
souvent évoqué. Les guides semblent originaires des environs mais pas
toujours. La fréquentation touristique pourrait avoir changé les
habitudes dans certains endroits, les aménagements limitant l’accès et
dissuadant les habitants de laver le linge, par exemple. Le caractère
sacré de certains lieux doit être respecté.
Le potentiel de développement de l’hydroélectricité (sous forme
notamment de microcentrales) représente un autre sujet connexe
essentiel. Pour mémoire, le développement des énergies renouvelables
fait également partie du programme «Bénin révélé».